Prévenir la Dysplasie De La Hanche

Les Clubs de races affiliés à la Société Centrale Canine (SCC), dont le Doggen Club de France, ont, entre autres missions, celle de veiller à l’amélioration des races canines et à l’éradication des maladies à composante héréditaire. C’est pourquoi un dépistage systématique de la dysplasie de hanche (ou dysplasie coxo-fémorale) et de la dysplasie du coude a été mis en place.

Les modalités de ce dépistage sont bien définies par la réalisation de radiographies officielles de dépistage dont la procédure est bien codifiée.


DYSPLASIE DE LA HANCHE

Pathologie touchant les membres postérieurs la plus fréquente, la dysplasie de hanche du chien est une maladie héréditaire liée à un nombre important de gènes. Les estimations actuelles indiquent que plus d’une centaine de gènes codent pour la dysplasie de la hanche.  Cependant, tous les animaux porteurs n’expriment pas la maladie. Il y a donc une difficulté certaine à l’éradiquer par la sélection. Des facteurs extérieurs sont également impliqués dans l’apparition de la dysplasie de la hanche :

Il est important de comprendre que les facteurs environnementaux sont incapables de provoquer une dysplasie de la hanche, mais ils vont favoriser et aggraver l’expression clinique de la dysplasie chez un animal génétiquement porteur

Pourquoi dépister la dysplasie coxo-fémorale ?

Détecter les animaux atteints permet de les retirer de la reproduction et d’éviter qu’ils ne transmettent génétiquement cette tare à leurs descendants. Le but de ce dépistage est de diminuer la prévalence de la tare chez les générations à venir, avec pour objectif son éradication.

Retirer de la reproduction les chiens atteints de dysplasie coxo-fémorale implique de se priver de certains reproducteurs qui auraient par ailleurs de grandes qualités à apporter à la race.

Quelles sont les raisons qui justifient que cette affection fasse l’objet d’un dépistage systématique ? Parce que c’est une pathologie handicapante et répandue.

La dysplasie coxo-fémorale peut être une affection très handicapante pour un individu dont la fonction locomotrice est significativement diminuée et les possibilités thérapeutiques sont souvent restreintes.  C’est une affection dont l’intensité des symptômes n’est pas reliée à l’intensité des signes radiographiques. Ainsi un chien présentant une dysplasie moyenne pourra ne pas en souffrir alors qu’un autre présentant une dysplasie légère présentera une boiterie.

La dysplasie coxo-fémorale ne touche pas des individus isolés mais bien des populations entières : on dénombre, au sein de nombreuses races, une grande proportion d’animaux atteints. Aux USA, 73.9% des bulldogs sont atteints de dysplasie coxo-fémorale, 62,6% des carlins, 56% des dogues de Bordeaux ; en France le taux de dysplasie des Cane Corso est de 59,7%, des Bergers Picards de 40%, et seules 3 races ont un taux de dysplasie inférieur à 10% (Berger belges 8,3%, Doberman 6,7%, Siberian Husky 3,9%).

Il existe de plus un pré-tri des radiographies de dépistage :  un nombre important de radiographies montrant une dysplasie évidente n’est pas soumis au lecteur officiel par les propriétaires. Le taux de pré-tri a été évalué à 46%.

De plus, un faible taux de sujets est soumis au dépistage officiel :  en moyenne, la population faisant l’objet d’un dépistage officiel est comprise entre 2% et 19% de la population totale suivant les races. Enfin, la sensibilité de la méthode actuelle de dépistage n’est pas très bonne. Elle ne permet pas de classer tous les animaux selon leur réel état de dysplasie coxo-fémorale : il existe en effet des faux-négatifs. Les prévalences communiquées sont donc le plus souvent sous-estimées.

Parce que c’est une pathologie héréditaire

La dysplasie coxo-fémorale est due à des facteurs génétiques et est soumise à l’influence de facteurs extérieurs (alimentation, exercice, vitesse de croissance, gain pondéral). Le déterminisme génétique implique plusieurs gènes, à expression variable. Ce mode polygénique est dit de type quantitatif, avec un effet de « seuil » : il y a manifestation de la dysplasie coxo-fémorale lorsque le chien regroupe un certain nombre d’allèles délétères. Certains auteurs avancent l’hypothèse, au sein du modèle polygénique, de l’action majeure d’un gène donné.

Tout chien présentant une dysplasie coxo-fémorale est donc porteur d’allèles délétères qu’il a hérité de ses ascendants et qu’il pourra transmettre à ses descendants.

Parce que c’est un vice rédhibitoire.

Cette affection est donc déclarée vice rédhibitoire par la loi du 22 juin 1989, décret d’application 90-572 du 28 juin 1990 (annexe 1).

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Pourquoi faire une radio si mon chien ne montre aucun signe ?

Pour diagnostiquer cette affection, l’examen visuel ne suffit pas : seul l’examen radiographique peut détecter avec précision la présence et le degré de la dysplasie. Chez un chien adulte la dysplasie ne régresse jamais.

Tout simplement pour connaître l’aspect des hanches de son chien et ne pas attendre que votre animal ne montre des signes de douleur. En effet, si votre chien est diagnostiqué dysplasique, vous aurez alors le temps de mettre en place un suivi pour limiter l’usure de l’articulation et donc limiter la souffrance future de votre chien :

Alors que si vous ignorez cette information, vous continuerez des activités parfois inadaptées (sans le savoir), favorisant l’usure et l’apparition d’arthrose précoce. Et lorsque votre chien montrera des signes, la prise en charge sera plus lourde.

Vous rendrez service à la race de votre chien en radiographiant votre chien

DYSPLASIE DU COUDE

La dysplasie du coude constitue le deuxième problème orthopédique majeur en termes de fréquence, après la dysplasie de la hanche. Elle conduit à des boiteries sévères et les traitements chirurgicaux, parfois très couteux, ne permettent pas le plus souvent d’éviter l’apparition d’arthrose douloureuse.

Quelles sont les causes de la dysplasie du coude ?

La principale cause est l’hérédité (origine polygénique), aggravée par des facteurs nutritionnels tels que les déséquilibres phospho-calciques ou la surcharge pondérale.

Qu’est-ce que la dysplasie du coude ?

Il s’agit de troubles du développement du coude.

Le coude est une articulation constituée de 3 os : l’humérus vient s’articuler sur 2 os juxtaposés, le radius et l’ulna.

Sous l’appelation « dysplasie du coude “sont regroupées 4 pathologies différentes qui peuvent exister chez un même animal de façon isolée ou être associées à des degrés divers.

Dysplasie des hanches et dysplasie du coude sont-elles liées ?

Hélas non, un chien peut avoir d’excellentes hanches et de très mauvais coudes ou l’inverse ou être dysplasiques des hanches et des coudes ! Le mieux, évidemment, est de n’avoir ni l’un ni l’autre ….

Quelle est l’héritabilité ?

Les chiffres publiés en 1990 par les suédois qui ont beaucoup travaillé sur ce sujet sont de 0,25 à 0,45, ce qui est très élevé. (L’héritabilité de la dysplasie de la hanche est plus faible).

Les résultats favorables lors de dépistage et de lutte contre cette affection entrepris dans différents pays sont plus qu’encourageants.

En Allemagne sur la période 1995-2004 sur un effectif de 5100 rottweilers, la prévalence de la DC (dysplasie du coude) est passée de 74% à 38 %.

Pourquoi dépister ?

Parce que cette affection est invalidante.

Parce que la cause héréditaire est prouvée.

Parce que les radios sont faciles à réaliser : l’anesthésie n’est pas nécessaire.

Parce que le caractère héréditaire est très marqué : un géniteur présentant une dysplasie du coude.

transmettra à 90% cette caractéristique à sa descendance ; inversement si les deux parents sont indemnes, la probabilité de dysplasie est quasi nulle.

Un sélectionneur responsable fera rentrer dans le monde de l’élevage, des chiens radiographiés et s’avérant bons à la reproduction.
La reproduction de sujets non radiographiés ou malades est une parodie, ayant pour résultat la douleur pour la progéniture et le chagrin pour les futurs propriétaires.
Les éleveurs sérieux et responsables soumettent leurs reproducteurs au dépistage OFFICIEL de ces deux pathologies.